Santé & sécurité des travailleur·euses au Pakistan, qui manque à l’appel ?

14 Juil 2023 | santé et sécurité
Santé & sécurité des travailleur·euses au Pakistan, qui manque à l’appel ?

Six mois depuis son entrée en vigueur au Pakistan, des grandes enseignes manquent toujours parmi les signataires de l’Accord international pour la santé et la sécurité. Les travailleur·euses pakistanais·es doivent encore attendre pour bénéficier d’améliorations significatives en matière de sécurité.

Près de 6 mois se sont écoulés depuis le lancement du processus de signature de l’Accord sur la santé et la sécurité au Pakistan, pourtant, alors que de nombreux concurrents y ont déjà adhéré, certaines grandes marques de vêtements et de textiles qui s’approvisionnent au Pakistan tardent à s’engager.

Basé sur le modèle de l’Accord international pour la santé et la sécurité dans l’industrie du textile et de l’habillement qui protège les vies de plus de 2,5 millions de travailleur·euses au Bangladesh depuis l’effondrement du Rana Plaza, l’Accord Pakistan a été annoncé le 14 décembre 2022, après des années de campagne menée par les syndicats et les organisations de travailleur·euses.

Le processus de signature a débuté le 16 janvier 2023. Plus de 30 marques ont adhéré à l’accord au cours du premier mois, parmi lesquelles de grands acheteurs tels qu’H&M, Inditex (Zara) et C&A. Cependant, le rythme de déploiement s’est rapidement ralenti et, six mois plus tard, si 63 marques se sont engagées, couvrant plusieurs centaines d’usines, certains grands acheteurs manquent encore à l’appel.

Parmi elles figurent des marques qui n’ont jamais assumé leurs responsabilités au Bangladesh, comme IKEA, Levi’s, Amazon, Decathlon, et Kontoor Brands (Lee, Wrangler), ciblées par notre pétition déjà signée par plus de 64 000 personnes.

Signer la pétition

Et plusieurs marques pourtant déjà engagées en faveur de la sécurité au Bangladesh et qui sont d’importants acheteurs au Pakistan tardent également à s’engager au Pakistan malgré un volume d’approvisionnement considérable dans le pays. C’est le cas notamment de Boohoo, The Very Group, Lidl, Missguided, Target Australia, Esprit, Matalan et Fruit of the Loom.

Pour Nasir Mansoor, secrétaire général de la Fédération nationale des syndicats du Pakistan : « Nous avons besoin de toutes les marques qui produisent au Pakistan. Il faut que toutes les marques qui produisent au Pakistan signent l’Accord dès que possible. Une fois l’Accord signé, les marques ne doivent pas se reposer sur leurs lauriers. Ce n’est que lorsque les inspections commenceront et que les travailleur·euses pourront déposer des plaintes que le risque d’un nouvel incendie ou d’un nouvel effondrement d’usine commencera réellement à diminuer. »

Le récent incendie et l’effondrement de l’usine Usman & Sons ont montré que, tant que les inspections et la mise en œuvre des plans d’action correctifs n’ont pas commencé, des incidents mortels peuvent survenir à tout moment. Des étiquettes de la chaîne de supermarchés française Auchan ont été retrouvées dans les décombres. Auchan n’est ni signataire de l’Accord international pour la santé et la sécurité au Bangladesh, ni au Pakistan.

Pour Zehra Khan, secrétaire générale de la Home Based Women Workers’ Federation : « Les travailleur·euses pakistanais ont attendu assez longtemps. Les solutions existent, mais certaines marques continuent de mettre en danger la vie des travailleur·euses et d’échapper à leurs responsabilités. Nous demandons aux marques et aux enseignes d’accélérer les opérations et de faire de la participation à l’Accord au Pakistan une priorité absolue. »