#PayYourWorkers: pourquoi H&M, Primark et Nike?

16 Nov 2020 | salaire vital | santé et sécurité
#PayYourWorkers: pourquoi H&M, Primark et Nike?

Depuis le début de la crise sanitaire, la Clean Clothes Campaign (CCC) a recueilli beaucoup d’informations, de faits, à propos de l’impact du Covid-19 sur les travailleur·euses de l’habillement du monde entier. Ces infos proviennent d’organisations de notre réseau et d’articles de presse. Sur base de cette collecte d’informations, la CCC a alimenté régulièrement un liveblog sur son site.

Des recherches supplémentaires menées en collaboration avec le Workers Rights Consortium ont abouti au rapport « Un(der)paid in the pandemic« (EN et résumé FR) publié cet été. Le rapport a montré qu’entre mars et mai, les travailleur·euses de l’habillement ont perdu entre 2,7 et 4,9 milliards d’euros parce que (une partie de) leurs salaires ont été illégalement retenus, en raison de fermetures temporaires d’usines, ou en raison de licenciements sans indemnité.

Bien que certaines entreprises du secteur soient touchées par les effets de la pandémie, Primark, H&M et Nike ne le sont pas.

Le groupe détenteur de Primark, Associated British Foods, a annoncé début novembre un bénéfice avant impôts de 914 millions de GBP (1 milliard d’euros) pour 2020,

Le groupe H&M a annoncé un bénéfice de 24 851 millions de SEK (2 435 millions d’euros) au cours du dernier trimestre,

Nike a annoncé un revenu net de 1,5 milliard d’USD (1,3 milliard d’euros) et a versé 384 millions d’USD (325 millions d’euros) de dividendes aux actionnaires, soit une hausse de 11 % par rapport à l’année précédente.

En analysant les données du liveblog, la CCC a constaté que H&M et Primark étaient le plus souvent cités comme entreprises clientes dans les usines où des violations de droits avaient lieu: non-paiement des salaires et des indemnités, licenciements. Des problèmes ont également été identifiés chez Nike, ainsi que dans les filières d’approvisionnement de nombreuses autres marques. Dans la filière d’approvisionnement de Nike, un certain nombre de syndicats locaux sont actifs. Grâce aux réseaux internationaux dans lesquels ces syndicats agissent, ils parviennent à unir leurs forces et à faire entendre leur voix. Ce n’est pas un hasard si ces trois très grandes marques sont visées par notre campagne: ce sont des « game changers » potentiels.

Cela signifie-t-il que ces marques se sont comportées de manière nettement plus négative dans cette crise? Non.

H&M a été l’un des premiers à annoncer que toutes les commandes déjà en production chez ses fournisseurs au début de la crise seraient payées. Mais cela s’est avéré insuffisant pour empêcher les travailleur·euses de perdre leur salaire en masse.

Primark, d’autre part, a annoncé la création d’un fonds salarial pour s’assurer que les travailleur·euses au Bangladesh, au Cambodge, en Inde, au Myanmar, au Pakistan, au Sri Lanka et au Vietnam soient payé·es le plus rapidement possible pour leurs travail sur les produits en cours de production pour l’enseigne.

Mais Primark n’était pas disposé à nous partager des informations sur ce fonds. Comment s’assurent-ils que l’argent parvient aux travailleur·euses? Quelles mesures ont été prises dans les autres pays? Comment calculent-ils le montant qu’ils doivent payer et si tous les travailleurs ont été payés intégralement ? La marque stipulait également que la compensation salariale serait ajustée pour tenir compte des aides gouvernementales, ce qui a créé une confusion chez les fournisseurs et les associations industrielles. Malgré le manque de transparence, Primark affirme que le programme a été mis en œuvre avec succès.

Si ces entreprises font un pas de plus en faveur des travailleur·euses de leurs filières, d’autres suivront. H&M et Primark peuvent faire bouger d’autres enseignes de Fast Fashion, Nike peut faire bouger d’autres marques de sport.

EN SAVOIR PLUS

L’appel à action #PayYourWorkers