Interpellation d’adidas lors de son Assemblée générale des actionnaires

21 Mai 2024
Interpellation d’adidas lors de son Assemblée générale des actionnaires

10 milliards d’euros de bénéfices annoncés à l’occasion de l’Assemblée générale d’adidas ce jeudi 16 mai 2024. Pourtant, les 500 travailleuses de l’usine Hulu Garment au Cambodge n’ont toujours pas reçu les 1 million d’indemnités de licenciement impayés pendant la crise Covid-19. Sithyneth Ry, le président du syndicat INTUFE qui représente les travailleur·euses cambodgiennes a interpellé l’assemblée et a appelé adidas à agir.

Il y a quatre ans, en pleine crise sanitaire, les couturières et couturiers de l’usine Hulu Garment qui produisait pour adidas ont été renvoyé·es à leur domicile et le travail a été temporairement suspendu. À la fin de la période de suspension, en avril, les travailleur·euses ont été invité·es à « signer » leur fiche de paie avec l’empreinte de leur pouce. Sous la fiche de paie se cachait un avis de démission. Une ruse abjecte qui leur a fait perdre leur emploi et les indemnités de licenciement qui leur aurait été due si elles avaient été licenciées.

Pour Sithyneth Ry : « Les travailleur·euses se sont retrouvé·es sans emploi et sans indemnité de licenciement au beau milieu d’une pandémie. Ils et elles s’en sortaient depuis des années avec des salaires de misère et n’avaient aucune marge de manœuvre. Ce chômage soudain, sans indemnisation, les a empêchés de subvenir aux besoins de leur famille, les a obligés à contracter des emprunts ou à vendre leurs biens ».

Chhorpesal Chhom, l’une des anciennes travailleuses de Hulu qui s’est endettée davantage après avoir perdu son emploi, a déclaré : « Lorsque je travaillais à l’usine Hulu, j’envoyais régulièrement de l’argent à ma mère. Par la suite, je n’ai plus eu de revenus pour envoyer de l’argent à ma famille ».

Jeudi 16 mai se tenait l’Assemblée générale des actionnaires d’adidas. Sithyneth Ry a voyagé depuis le Cambodge pour appeler adidas à prendre ses responsabilités et à agir pour les travailleuses d’Hulu Garment et au-delà. Adidas est interpelée depuis plusieurs années pour s’engager dans une solution structurelle pour adresser les enjeux d’indemnités de licenciement impayés dans sa filière, comme le prévoit l’accord contraignant « Pay Your Workers – Respect Labour Rights ». Cet Accord élaboré et soutenu par des syndicats et des organisations de défense des droits des travailleur·euses du monde entier mettrait en place un fonds de garantie des indemnités de licenciement permettant aux travailleur·euses de réclamer les compensations qui leur sont légalement dues, ainsi qu’un mécanisme de plainte lié à la liberté d’organisation des travailleurs.

Jusqu’à présent, Adidas a refusé de s’engager dans un tel accord malgré les appels répétés des syndicats et des groupes de défense des droits des travailleurs, et malgré nos efforts de campagne : adidas, il est temps d’agir !