Ce 24 avril, une boule de vêtements géante a déambulé Rue Neuve. Cette boule symbolise le caractère destructeur de la fast fashion, un modèle qui n’en finit pas de faire des victimes et d’inonder le monde de ses montagnes de déchets. 10 ans après l’effondrement l’immeuble Rana Plaza au Bangladesh, qui a coûté la vie à 1138 travailleuses et travailleurs de l’habillement, la performance et notre rassemblement commémoratif rendait hommage aux victimes et appelait à l’action poilitique forte et urgente.
Dix ans après la catastrophe la plus meurtrière dans le secteur de l’habillement, les avancées sont trop faibles. Si la sécurité dans les usines de confection du Bangladesh s’est grandement améliorée, le modèle de la fast fashion reste basé sur la production à des prix défiant toute concurrence, avec des collections déversées sur le marché toutes les semaines. Les salaires restent largement en deçà du salaire vital. Au Bangladesh, les couturières travaillent pour un salaire mensuel minimum de 69 euros par mois. L’Union européenne travaille à l’élaboration d’une directive visant à mettre fin aux violations quotidiennes des droits humains, sociaux et environnementaux, dans tous les secteurs. Deux votes importants sur cette « Directive sur le devoir de vigilance » sont à l’ordre du jour du Parlement européen demain et à la fin du mois de mai. ONG, syndicats, organisations de consommateurs, artistes et jeunes demandent à la Belgique de plaider auprès de l’UE en faveur d’une directive forte et ambitieuse.
Le pouvoir destructeur de la fast fashion
La boule géante est une performance de l’artiste marionnettiste Natacha Belova et du danseur Dorian Chavez. Avec Sisypholia, les artistes questionnent de manière poétique la surconsommation de vêtements. Sur son chemin, la boule passe devant les magasins de fast fashion et écrase tout sur son passage pour illustrer l’impact destructeur de la fast fashion. La boule de vêtements a terminé sa trajectoire Place de la Monnaie, attendue par plus de 200 militantes et militants.
Vote crucial au Parlement européen
Les militant·es appellent les décideur·euses politiques en Europe et en Belgique à adopter une législation ambitieuse qui pourrait prévenir des catastrophes comme celle du Rana Plaza. Le projet de directive de l’UE est aujourd’hui trop faible pour garantir le respect des droits humains, sociaux et environnementaux dans les chaînes de valeur internationales. Il faut donc une directive qui s’applique à toutes les entreprises, quels que soient leur taille, leur secteur et leur chaîne de valeur, et qui permette aux victimes de saisir la justice. 32 entreprises, dont Benetton, Inditex, Primark, Mango et Auchan, ont fait fabriquer des vêtements dans le complexe du Rana Plaza, mais aucune d’entre elles n’a été tenue légalement responsable de la tragédie.
La commission des affaires juridiques du Parlement européen prendra position demain, mardi 25 avril, le vote en plénière ayant lieu à la fin du mois de mai. Les organisations présentes, réunies autour de la campagne nationale #MadeWithRespect, ont récemment lancé la campagne d’interpellation « Vote of the year » auprès des eurodéputés belges.
En savoir plus
[FR] Analyse : Rana Plaza, plus jamais ça ? Où en est l’impunité des entreprises de mode, 10 années après la catastrophe la plus meurtrière de cette industrie
[FR&NL] Court-métrage (FR & NL) : “Bangladesh revisited”, produit et réalisé par Visie, l’ACV-CSC et WSM
Appel à l’Interpellation des eurodéputés belges
Pétition pour que les marques et enseignes s’engagent pour la sécurité des travailleurs
