Mango et Primark dans les décombres du Rana Plaza

24 Avr 2013 | santé et sécurité
Mango et Primark dans les décombres du Rana Plaza

Des membres d’organisations de défenses des travailleurs ont retrouvé des étiquettes des marques Mango et Primark dans les décombres du bâtiment Rana Plaza qui s’est effondré ce mercredi 24 avril à Dhaka (Bangladesh).

Vers 9h15, le Rana Plaza, un bâtiment de huit étages s’est subitement effondré. Le bilan provisoire fait état de 82 morts et de plus de 600 blessés. Le bâtiment abritait trois usines de confection qui employaient au moins 2.600 travailleurs, majoritairement des femmes. Selon des travailleurs qui participent aux opérations de secours, le bilan pourrait atteindre plusieurs centaines de victimes. Il y aurait encore plus de 1.000 personnes piégées dans les décombres.

Le bâtiment avait été évacué la veille suite à la découverte par les travailleurs d’importantes fissures dans les murs. Selon un représentant de la police locale, les propriétaires du bâtiment et des usines ont ignoré les avertissements des experts et ont ouvert les usines ce matin, contraignant les travailleurs à rejoindre leur poste. Ce nouveau drame démontre une fois de plus l’inefficacité des systèmes de contrôles de ces enseignes.

En plus des étiquettes des marques Mango et Primark retrouvées dans les décombres, les sites internet des usines qui occupaient le bâtiment renseignent plusieurs enseignes européennes, parmi lesquelles Mango, Benetton, Yves Dorsey, France Denim et Primark, mais aussi C&A, KiK et Walmart. Ces trois enseignes étaient également clientes de l’usine Tazreen Fashion, dont l’incendie a tué 112 travailleurs en novembre 2012. Le discounter allemand Kik était aussi client de l’usine pakistanaise Ali Enterprise, dont l’incendie a tué près de 300 travailleurs en septembre 2012. C&A a confirmé s’être fourni dans une des usines entre janvier et octobre 2011.

L’urgence : prévenir de nouvelles catastrophes

Ce nouveau drame est le dernier d’une longue série dans l’industrie de l’habillement au Bangladesh. En 2005 déjà, l’effondrement de l’usine Spectrum avait fait 64 morts et plus de 80 blessés. En novembre 2012, l’incendie de l’usine Tazreen tuait 112 travailleurs. En janvier 2013, l’incendie de Smart Export faisait 8 nouveaux morts.

Pour éviter de nouvelles catastrophes comme l’effondrement ou l’incendie d’une usine, achACT et la Clean Clothes Campaign multiplient les démarches auprès des marques et enseignes pour quelles signent le protocole sur la prévention des incendies et la sécurité des bâtiments développé par des organisations syndicales bangladeshies et internationales et déjà signé par Tchibo et PVH (Calvin Klein et Tommy Hilfiger). « C’est réellement scandaleux que les enseignes refusent toujours de signer un accord contraignant avec des organisations syndicales sur la prévention des incendies » explique Jean-Marc Caudron d’achACT. « Les enseignes clientes des usines doivent dès à présent intervenir pour couvrir les frais médicaux d’urgence. Elles doivent également s’engager à participer à l’indemnisation intégrale des familles des victimes et des travailleurs blessés ».