Rana Plaza, 11 ans : Levi's, Lee et Wrangler doivent signer l'Accord

24 Avr 2024
Rana Plaza, 11 ans : Levi's, Lee et Wrangler doivent signer l'Accord

Ce mercredi 24 avril, 11 ans après l’effondrement du Rana Plaza à Dacca au Bangladesh, nous étions réunis lors d’une action visant à rappeler la nécessité d’agir contre l’impunité des entreprises. Un défilé de mode décalé a mis en lumière le manque d’engagements crédibles des géants du jeans Levi’s, Lee et Wrangler pour protéger la vie des travailleur·euses de leurs filières. Messages de soutien aux travailleur·euses, interpellation d’enseignes de mode et adresse au politique ont fait écho au vote, ce même jour à Strasbourg, d’une directive européenne historique sur le devoir de vigilance des entreprises.

11 années après le drame le plus meurtrier que l’industrie de la mode a connu, malgré la prise de conscience généralisée des conditions de travail dans ses filières mondialisées, des travailleuses et travailleurs meurent encore sur leur lieu de travail, dans des usines de confection insalubres. La catastrophe du Rana Plaza a pourtant débouché sur un accord contraignant inédit entre les marques et les syndicats. Ce programme de sécurité rend les usines du Bangladesh, et plus récemment du Pakistan, plus sûres. Mais de grandes marques comme Levi’s, Lee et Wrangler refusent toujours de s’y engager. Ces entreprises considèrent que leurs propres audits sont efficaces. Or en 2020, Levi’s rapportait elle-même que 50% de ses usines en Asie du Sud et 57% de ses usines en Asie du Nord ont connu des problèmes de santé et de sécurité. En 2022, quatre travailleurs sont décédés après avoir respiré des fumées toxiques dans l’usine de denim Artistic Milliners à Karachi, au Pakistan, l’usine produisait pour Levi’s. Aujourd’hui, plus de la moitié des usines qui fournissent Levi’s au Bangladesh sont couvertes par l’Accord international pour la santé et la sécurité. Levi’s profite ainsi des avancées du programme sans y participer financièrement, ni politiquement. Il est urgent que toutes les enseignes qui s’approvisionnent au Bangladesh et au Pakistan s’engagent dans l’Accord international pour la santé et la sécurité dans l’industrie textile et de l’habillement.” déclare Sanna Abdessalem, coordinatrice d’achACT.

À l’heure où l’action se déroule, le Parlement européen réuni à Strasbourg est sur le point de voter une Directive historique sur le devoir de vigilance des entreprises. Les organisations présentes, qui militent depuis plusieurs années pour une législation contraignante, forte et ambitieuse sur le devoir de vigilance, rappellent l’importance de la responsabilisation des entreprises pour contrôler, prévenir et remédier aux risques sociaux et environnementaux dans leurs chaînes de valeur. Pour Sophie Wintgens, du CNCD-cncd 11.11.11 et du Groupe de travail Corporate Accountability “Le vote d’une telle directive est une étape importante et un pas de plus vers le respect des droits humains, sociaux et environnementaux. Mais les jeux politiques et les nombreux rebondissements qui l’ont précédé, soumis à de lourdes pressions de lobbies économiques, ont affaibli le contenu du texte qui ne contient plus que le strict minimum. Cela nous montre combien la responsabilité des entreprises reste un enjeu de taille.”

Les organisations syndicales CSC et FGTB insistent : “L’industrie de la mode illustre l’impunité des entreprises, c’est le terrain de l’exploitation massive de travailleuses et travailleurs, où la liberté syndicale est quasi systématiquement réprimée. À l’automne dernier, 4 travailleur·euses bangladais·es ont été tué.es dans des manifestations pour un salaire minimum digne, plusieurs dizaines ont été blessé·es, des centaines ont fait l’objet de charges criminelles infondées. Les entreprises sont responsables des conditions de travail dans leurs filières et doivent, dès aujourd’hui, mettre en œuvre leur devoir de vigilance en adoptant, notamment, l’Accord international pour la santé et la sécurité des usines, en faisant respecter la liberté d’association, en garantissant des salaires dignes.”