Bangladesh : répression violente des manifestations salariales

16 Jan 2019 | liberté d'association
Bangladesh : répression violente des manifestations salariales

Depuis la récente mise en œuvre de la réforme du salaire minimum, des milliers de travailleur.se.s de l’habillement sont descendu.e.s dans la rue au Bangladesh. À Dacca, la capitale, la police a tiré sur la foule avec des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogène. Un manifestant a été tué, et de nombreux autres ont été blessés.

Malgré la liberté syndicale très limitée dans le pays, les travailleur·se·s et les syndicats ont à nouveau manifesté publiquement leur insatisfaction. Les récentes manifestations ont été déclenchées par la réforme du salaire minimum en 2018. Les travailleurs demandaient un salaire minimum de 16 000 Taka (168 Euros). Le Gouvernement n’a pas donné son feu vert. Il a proposé un salaire minimum de 8 000 Taka (84 Euros) pour les travailleur.se.s les moins qualifiés de l’industrie de l’habillement. Pour la majorité d’entre eux, cela signifie qu’il n’y aura aucun changement notable. Pour certains niveaux de salaire, les minima n’ont pas augmenté du tout ; d’autres critères ont été adaptés. Le paiement des heures supplémentaires, les indemnités et les primes restent cependant calculés sur la base du salaire minimum –qui reste majoritairement inchangé. Voir les détails ici.

Le silence des marques d’habillement

Pendant le processus de réforme, la Clean Clothes Campaign a appelé les marques et les distributeurs à soutenir publiquement un salaire minimum de 16 000 Taka. Certaines marques ont exprimé le souhait d’un processus de réforme équitable, certes, mais aucune n’est allée jusqu’à mentionner une somme spécifique. Elles ne se sont pas non plus exprimées au sujet de l’annonce et de la mise en œuvre du nouveau salaire minimum, bien en deçà de toutes les revendications des travailleur.se.s et des normes de calcul d’un salaire décent.

Dans les forums internationaux, le gouvernement du Bangladesh a plusieurs fois assuré que la situation des syndicats allait s’améliorer dans le pays, mais les dernières réformes légales n’ont rien changé ou presque. La liberté de réunion est toujours très limitée, ce qui nuit à la représentation des intérêts des travailleurs. Certains témoignages (encore invérifiés) évoquent des tentatives d‘intimidation des syndicats, et des procès contre les travailleur.se.s ayant participé aux manifestations lors de la dernière vague de protestations.

« achACT et la Clean Clothes Campaign condamnent fermement la violente répression du droit des travailleurs et travailleuses à manifester. » a déclaré Carole Crabbé, Secrétaire générale d’achACT. « Nous demandons au gouvernement du Bangladesh de mettre un terme à la violence et à l’intimidation des personnes et des syndicats, et de respecter désormais leurs revendications. »